Qualité de l’air intérieur : de récentes évolutions ?
Selon l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur, certains polluants sont retrouvés en plus forte concentration à l’intérieur qu’à l’extérieur : parfois plus de 15 fois plus concentré ! De fait, de nombreuses substances irritantes, allergisantes, voire cancérogènes sont diffusées dans les habitations par les matériaux de constructions, les meubles, les revêtements de sol, les peintures, vernis, colles… Alors que nous passons en moyenne 22 heures sur 24 en espace clos ou semi-clos, que cela soit dans les logements, lieux de travail, écoles, espaces de loisirs, commerces, transports…
Suzanne Déoux, médecin ORL, travaille depuis les années 1980 sur ces questions de santé dans l’habitat. Elle propose en 2008 dans une interview au Moniteur[1] que la qualité environnementale et sanitaire d’un produit s’appuie sur une analyse multicritères. Celle-ci doit prendre en compte les émissions de COV, d’aldéhydes, ses émissions radioactives naturelles du produit et son aptitude à favoriser la croissance fongique et bactérienne. Et ce, que le produit soit d’origine naturelle ou synthétique. Pour S.Déoux, il faut que les industriels communiquent les émissions de COV de leurs produits. La directive européenne Produits de construction prévoit depuis vingt ans un marquage sanitaire et environnemental aux côtés du marquage CE.
Grâce au travail réalisé par ces précurseurs notamment, certaines évolutions voient le jour en France.
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Campagne nationale de mesure de la qualité de l’air dans les écoles maternelles et élémentaires
L’observatoire de la qualité de l’air intérieur lance une grande campagne de mesures dans 300 écoles (600 salles de classe). Le début des enquêtes est prévu d’ici fin 2011 pour une fin de campagne en 2014. L’objectif de cette étude est de connaître la qualité de l’air et le confort des écoles maternelles et élémentaires françaises, avec un accent particulier sur les paramètres peu connus dans ces lieux de vie et susceptibles de jouer un rôle sur la santé des enfants : composés organiques semi volatils, plomb et autre métaux, moisissures, particules…
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Janvier 2012 : L’étiquetage sur les émissions de polluants volatils
Un décret imposant le premier étiquetage en matière de santé environnementale pour les produits de construction et de décoration a été signé en mai 2011. L’objectif de cet étiquetage est de permettre à chacun de choisir à partir du 1er janvier 2012, les produits induisant le plus faible impact possible sur l’air intérieur de son foyer.
L’étiquette indiquera le niveau d’émission de polluants volatils par une note allant de A+ (très faibles émissions) à C (fortes émissions) et le schéma d’une maison contenant un nuage de polluants. Elle doit constituer pour le consommateur un nouveau critère de sélection en fonction de son usage : chambre pour les enfants, pièce de vie commune…
Sur son site, la Maison écologique fait toutefois remarquer que l’étiquetage est réalisé sur la base d’une auto-déclaration : le fabricant sera responsable de l’exactitude des informations qu’il obtiendra par les moyens de son choix.
Seuils limites des concentrations d’exposition (en μg.m-3) et classes correspondantes
Les classes d’émission sont établies sur la base de mesures réalisées après 28 jours en chambre ou en cellule d’essai d’émission, ou avant ce délai si les émissions respectent les exigences de la classe des émissions les plus faibles (A+)
Il reste à déterminer si les seuils retenus pour cet étiquetage sont suffisants. En fonction des pays ou des organismes, les seuils recommandés ne sont pas les mêmes. En général, on constate qu’au fur et à mesure des études qui montrent l’impact sur la santé de ces polluants, les seuils recommandés ont tendance à s’abaisser… Pour S.Déoux, un seuil inférieur à 250 μg/m3 pour les COV totaux serait un gage de qualité. Sur ce tableau, on note que la note maximale A+ est attribuée à des produits dont le seuil en COV totaux (dernière ligne) est inférieur à …1000 μg/m3.
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Bâtiments « étanches à l’air » et ventilation
A l’heure de la construction de maisons « étanches à l’air », il est d’autant plus important de se pencher sur la composition de l’air que nous respirons dans nos habitations. Plus question en effet de renouveler l’air en ouvrant grand les portes et fenêtres dans les maisons BBC… Les maisons « étanches à l’air », performantes sur le plan de la consommation d’énergie, sont équipées d’un système de ventilation qui doit être efficace pour renouveler l’air intérieur sans refroidir la maison de façon trop importante. Pour préserver la santé des habitants, le système doit être performant, bien installé, régulièrement vérifié et les filtres changés afin de maintenir le système en état et propre. Des problèmes peuvent en effet apparaître, à l’exemple de moisissures dans les conduits qui sont ensuite soufflées dans l’habitation. Certains professionnels alertent déjà : la ventilation des bâtiments ne pourrait-elle pas être plutôt assurée de façon naturelle ? D’autant qu’aux problèmes sanitaires de qualité de l’air envisagés avec les systèmes de ventilation, s’ajoutent des problèmes acoustiques mais aussi de rayonnements électromagnétiques. Les solutions de ventilations naturelles sont à développer, pour le bien-être et la santé de tous.
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Pour en savoir plus :
-Le site de l’Observatoire de la Qualité de l’air intérieur
-Il est toujours intéressant de comparer les préconisations dans différents pays : voir la publication « Proposition de valeurs-guides pour le formaldéhyde dans l’air intérieur résidentiel » du ministère de la santé canadien
-En février 2011, la Fédération française des Tuiles et Briques a édité un Livre Blanc sur la qualité de l’air intérieur et les risques fongiques (moisissures). « L’air c’est la vie : un enjeu sanitaire majeur ». Livre Blanc L’air c’est la vie (.pdf)
[1] Le moniteur des travaux publics et du bâtiment, 5 décembre 2008
[2] Sources : ECOLOGIK n°5 – Architectures et urbanisme éco-responsables, 01 Octobre 2008 et Site de l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur.